Vers une nouvelle intelligence territoriale

- par CAUE de l'Aude. habiter la métropole

Les CAUE ont tenu les 10 et 11 juin leur congrès national au Centquatre à Paris, placé sous le haut patronage de Madame Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication. Ils ont réfléchi à la façon dont ils peuvent être moteurs dans le cadre de la réforme territoriale, en innovant et en s’adaptant à la nouvelle géographie des territoires et à leur gestion. Le CAUE de l’Aude en fait le compte-rendu.

Repenser le territoire

Quelles que soient les voies que prendra la réforme de l’organisation territoriale, les besoins devront toujours trouver réponse à l’échelle du porteur de projet, de la plus petite commune jusqu’à la métropole. Aussi, comme ils l’ont fait depuis leur création, les CAUE veulent s’adapter aux enjeux contemporains, dans le champ à la fois culturel et technique qui est le leur. Avec des intervenants remarquables tels que le philosophe Bernard Stiegler, le sociologue Michel Wiewiorka, le politologue Philippe Estèbe, le comédien Daniel Mesguisch lisant Annah Arendt ou Henri Michaux, pour ne citer qu’eux, le verbe a porté haut et convoqué l’intelligence des participants. Si les mots ont un sens, certains de ceux entendus au cours de ce congrès ont ouvert des champs de réflexion et d’expérimentation :

L’inter-territorialité
Ce concept renvoie à une géographie où la présence effective est aussi importante que la résidence. Il convoque une politique de l’accueil, de la mobilité et du cosmopolitisme ouverte aux flux entrants comme aux flux sortants (« Nous sommes de passage dans les territoires, nul n’est propriétaire de sa population » P. Estèbe).

L’intelligence territoriale
Le phénomène du tout-réseau (Internet haut débit, TV numérique, voies TGV…), par sa vitesse et sa massivité, ouvre des  territoires en même temps qu’il casse des échelles de territoire. L’intelligence territoriale consiste à penser la re-territorialisation par la réticulation des territoires. Autrement dit : Comment conciler les échelles ? C’est le défi qui se pose aux élus et à la population.

La démocratie délibérative
On connaît la démocratie participative, on connaît moins la démocratie délibérative, laquelle ne débouche pas sur des décisions mais donne la parole aux experts et aux intéressés pour débattre ensemble, par exemple sur leur cadre de vie (« Concernant le périurbain et ses dysfonctionnements, et face à la crise de la responsabilité politique, penser à la démocratie délibérative » M. Wieviorka).

L’intangible
« Le choc de simplification est une nécessité aussi pour les architectes, mais pas en urbanisme car on doit intégrer la complexité. Si l’on simplifie le « maillage », qui va m’accompagner ?  J’ai besoin des CAUE pour faire remonter de l’intangible, du vécu des usagers » (Alexandre Jonvel, architecte urbaniste).

Les archipels de vie
« Comment, à partir d’une circonscription paramétrée en « bassin de vie », passer à une politique de réseaux et d’interdépendance sur le modèle des « archipels de vie » qui reste à inventer ? L’intercommunalité, en se renforçant, renforce le rôle du Maire. Ce dernier a besoin d’expertise sur la projection aux différentes échelles, sur l’acceptabilité de la décision politique par ses administrés, sur la conduite du projet urbain lui-même. Nous entrons dans une phase d’hybridation généralisée des acteurs et des phases nécessitant de l’ingénierie et du conseil » (Daniel Behar, géographe).

 

Le CAUE demain

Le CAUE reste le seul service public gratuit de conseil et d’accompagnement de tous les publics et notamment des moyennes et petites communes pour la qualité du cadre de vie et la mémoire du territoire. Il aide tout intervenant à exercer en pleine responsabilité ses qualités d’usager, de citoyen, de décideur, ainsi que ses compétence de maître d’ouvrage et de maître d’œuvre. « On aime le CAUE », reconnaissent désormais volontiers et avec enthousiasme ses partenaires : Ordre des Architectes, Association des Maires, Association des Départements, ADEME, etc. On a besoin du CAUE, ont souligné certains architectes et urbanistes partenaires, comme d’un « arpenteur des rues », « pour faire remonter le vécu des usagers », mais aussi pour « son approche pluridisciplinaire ».

Bref, le CAUE est indispensable mais il doit s’intégrer dans la réforme territoriale. Devant la ministre de la Culture et de la Communication, le réseau des CAUE par la voie du Président de sa Fédération nationale, Jean-Marie Ruant, a présenté des propositions autour de 5 « axes de progrès » afin d’écrire « l’acte II des CAUE ».

  • CAUE et Métropolisation ;
  • Articulation CAUE et ingénierie ;
  • CAUE, démocratisation de l’architecture et permis de construire ;
  • CAUE et urbanisme ;
  • CAUE accompagnateur de la transition énergétique.

 

Aurélie Filippetti a insisté pour sa part sur la gouvernance et le financement nécessaires au maintien et à l’indépendance des CAUE. Elle a annoncé une mission de l’Inspection Générale des Affaires Culturelles, à laquelle se joindra un inspecteur du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, qui aidera à définir cette nouvelle gouvernance. L’acte II des CAUE est en marche vers une nouvelle intelligence territoriale…

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