Des racines, des villes : des métropoles

- par Frédéric Ragot. habiter la métropole

L’origine de la ville : Les racines de la ville nous rattachent à notre passé et sont les bases de notre futur. Elles vont chercher au plus profond du terreau de notre société les fondements et les nutriments nécessaires à sa croissance. Lyon et Marseille sont les archétypes de cette évolution historique. Toutes les strates historiques de ces racines urbaines du néolithique au 21° siècle sont encore visibles à travers un patrimoine dense et riche.

Ces deux viles offrent un témoignage exceptionnel de continuité d’un site urbain sur plus de deux millénaires, à un emplacement d’une grande importance stratégique et commerciale, où les traditions culturelles de nombreuses régions d’Europe se sont fondues.

Sans cesse la ville doit s’adapter aux réalités et répondre aux besoins contemporains.

Après une période de besoins quantitatifs lourds (post guerre), on constate un besoin continu de renouvellement urbain et d’adaptation à de nouvelles aspirations, tant de la part des ménages pour leur habitat, qu’ils souhaitent dans un environnement naturel ou de centre urbain de grande qualité, que de la part des entreprises, qui souhaitent s’adapter à une demande de plus en plus mondialisée. L’être urbain, comme l’arbre, ne se sent bien dans son environnement que si ses racines trouvent les nutriments nécessaires à son épanouissement. Vivre heureux dans une grande agglomération est possible si celle ci est attractive par son environnement, par son développement intellectuel et culturel ainsi que par ses capacités à employer et loger sereinement la population. Son environnement culturel peut ainsi s’épanouir.

Ces bouleversements urbains engendrent une réorganisation et une extension de la ville.

La surface de la tâche urbaine a doublé en vingt ans, au point que l’on ne parle plus de ville mais de réseaux urbains. Les villages entrent dans la mouvance urbaine. Les transports ont considérablement augmenté en vitesse et en longueur. La ville tentaculaire s’enracine sur une surface de plus en plus grande absorbant ainsi d’autres grandes agglomérations et les villages ruraux.

Les structures administratives doivent s’adapter aux nouvelles dispositions urbaines. C’est l’objet de la nouvelle loi sur la modernisation de l’action publique.

Alors qu’en même temps la notion de gouvernement local devient gouvernance ; plus d’autonomie et moins de centralisme entraînent des découvertes, de nouvelles aventures politiques.

La métropole pour un développement soutenable ouvre vers des solutions et des problèmes neufs, des possibilités de recomposer des liens sociaux, économiques, psychiques ou physiques encore inconnus. La métropole se fait en avançant. Elle bouleverse les habitudes dans une perspective de développement durable ou l’homme reprend conscience de ses inter-relations avec la nature. Aujourd’hui, on n’oppose plus nature et culture, la survie de l’humanité se joue dans cette relation que la métropole doit assumer.

Les besoins futurs ne peuvent pas être la prolongation des besoins d’aujourd’hui. Des changements sociaux exogènes devraient apparaître, tels que l’arrêt de l’accroissement de la durée de vie, la diminution de la population active, le tassement de l’évolution des revenus, et l’on ignore les catastrophes sanitaires ou naturelles à venir. Les ménages solvables choisissent leur habitat suivant des paramètres hédonistes, ce qui engendre des mécanismes de ségrégation et de relégation.

L’Europe des cités existait avant l’Europe des nations.

L’Europe des régions existait avant l’Europe des nations.

Le 19°siècle a vu la construction des nations et ses terribles tempêtes mortelles, le 20° siècle se termine par la mort des nations pour voir revivre les cités et les régions en pleine lumière.

Nulle machine ne peut remplacer l’imagination humaine et encore moins celle de l’Architecte, c’est un bien précieux. Cette imagination fertile accouche aujourd’hui de métropoles que nous devons porter tous ensemble sur les fronts baptismaux.

Les architectes feront partie de cette révolution de la géographie politique.

Frédéric RAGOT, architecte et conseiller de l’Ordre

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