La sous-question, éternelle et à la base de tout, est à mon avis : comment construire mieux et moins cher, en contribuant au développement durable, c’est à dire en faisant travailler les entreprises locales ? Réponse : il faut démontrer aux opérateurs qu’ils doivent faire évoluer leur référentiel économique, et accessoirement, accepter d’être moins gourmands…

La procédure favorable ne serait-elle pas justement d’oublier les procédures en place ?

Je propose l’alternative suivante : en réponse à un programme simple et peu contraignant, tout architecte remettant une esquisse avec planches graphiques, descriptif sommaire + estimation des gains financiers escomptés à terme (coût global sur 30 ans), en comparaison à un cahier des charges conventionnel de maître d’ouvrage type SEM, serait forfaitairement rémunéré (5000 HT par exemple)

Le rassemblement de ces idées ferait alors l’objet d’une rencontre générale entre maitres d’ouvrages et participants. On peut imaginer un tri des esquisses par pertinence, régions, type de proposition, complémentarité, etc… qui déboucherait sur la composition d’équipes incitées à se grouper pour optimiser les innovations et faire aboutir les projets.

Une sorte de foire avec d’un côté les Maitres d’ouvrage proposant terrains et budgets, et de l’autre les concepteurs, ayant eu un peu de temps pour préparer des réponses.

Sortir du principe des « lauréats », qui encense l’individualisme jetant les uns contre les autres, et créer des synergies, initier la force d’un mouvement rassembleur et moteur, où au lieu de chercher avant tout à écraser l’autre, tout savoir-faire qui ira dans le sens de l’intérêt commun (améliorer le parc et l’offre) profitera à tous en étant mutualisé.

Ma proposition comporte aussi une remise en question de la mentalité (Française ?) des architectes : sommes-nous vraiment attachés à cette histoire de « droits d’auteur » indissociable d’une culture de l’individualité, de l’architecte-star ? Tant que ces derniers feront tout pour faire parler d’eux, et tant que le système les érigera en modèles, je doute fort que l’on défende l’architecture : c’est la leur, seule, qui fera la une.L’architecture est assimilée aux œuvres de « ces gens là ». Et les conséquences dans l’esprit du public se rencontrent chaque jour : ah les réalisations d’architecte, c’est pompeux, compliqué, très cher !!Et par ailleurs, qui n’a pas déjà visité des réalisations lamentables faites par des confrères, qui eux, faute de bien travailler, ont su « gagner le marché »? Toute erreur faite par l’un rejaillit négativement sur la réputation de l’ensemble. Autrement dit, un seul encaisse les honoraires et tous les autres trinquent !Que vaut-il mieux pour l’intérêt commun, essayer de faire croire qu’on est meilleur qu’un autre, ou se mettre au service de l’architecture et de notre métier, sans devoir se mettre en avant, grâce à un juste système de répartition et de partage des projets, permettant un contrôle interne à la profession ? J’entends déjà les « pontes » qui plastronneront : tiens en voilà un qui veut relancer le communisme. Je leur répondrais que leur jugement est à mon propos ce que leur « œuvre » est à l’architecture : une caricature. Enfin, comme disait un ami, tout ça n’est que du folklore..

Mathieu Gainche, architecte