Métropolisation (Wikipedia) = une dynamique spatiale contribuant à organiser le territoire autour d’une ville ou d’un espace urbain qualifié de métropole.
« Elle se caractérise en fait par un double phénomène : d’une part, l’extension de la forme classique du tissu périurbain qui s’opère par la réunion des principales agglomérations (…) D’autre part, la concentration des activités de commandement (économique, politique, culturel…)
La métropolisation entraîne aussi une redéfinition des espaces au sein de la ville. Les fonctions grandes consommatrices d’espace (loisirs, commerce, industries) sont rejetées dans les périphéries alors que les centres-villes sont réservés à l’habitat favorisé et aux activités à forte valeur ajoutée. À ce titre, la métropolisation peut être vectrice de fractures spatiales et sociales au sein de l’espace urbain, mais aussi entre l’espace urbain et la région périphérique plus ou moins sous influence métropolitaine.
(…) Cette polarisation autour des grandes villes est la conséquence de la concentration des emplois, qui sont surtout tertiaires, et qui entraînent des flux de migration pendulaire. Le territoire métropolisé est donc parsemé de voies rapides, de rocades, d’autoroutes, d’échangeurs. »
L’architecture agit dans le modelage des espaces, des volumes bâtis, des réseaux visibles, aussi bien dans les aménagements monumentaux que discrets. Les mieux à même de la mettre en oeuvre sont a priori les architectes.
La question est un peu de savoir s’ils font partie des décideurs, si on leur demande effectivement de s’inquiéter d’architecture, si la définition des programmes le permet, et si les responsables d’opération leur en donnent les moyens.
Déjà, on ne leur demande par exemple pas, ou rarement, d’intervenir dans les « ouvrages d’art » (ponts, tunnels, murs anti-bruit, etc…). Ils sont cantonnés aux bâtiments exigeant un permis de construire, qui deviennent des exceptions. Sont de fait exclues de leur champ d’action : les réhabilitations sans création de plancher, les maisons privées de moins de 200 m2 de SHON, les constructions agricoles, …
Restent des installations qui, encore aujourd’hui, continuent de marquer les périphéries en les défigurant : les zones commerciales et d’activité, pour lesquelles l’impact architectural, l’insertion dans le paysage, sont désormais reconnus comme prioritaires. Cela n’est cependant pas lié à la métropolisation, mais aux marges urbaines en général. La ZAC est un excellent outil d’intervention, méconnu, adapté à ce type d’opération d’aménagement ou de reconstruction, permettant de s’affranchir de certaines contraintes générales ou locales.
Les architectes interviennent dans un cadre réglementaire et urbanistique où ils ont rarement leur mot à dire. Voici un aperçu des enjeux auxquels il faudrait répondre :
Distances et temps de parcours considérables entre quartiers d’habitat / zones dortoir, et zones attirant les entreprises & administrations / lieux de travail : comment les diminuer ?
Ségrégation spatiale de plus en plus marquée du fait des écarts de richesse croissants entre classes sociales.
Engorgement des voies de transport, raréfaction des parcelles constructibles, spéculation immobilière.
Disparition des terres maraîchères proches, mitage des zones naturelles, disparition de cours d’eau, des haies vives, menaces constantes contre la biodiversité : conséquences inévitables de l’extension des périphéries.
Imperméabilisation des sols augmentant les inondations dévastatrices.
La question des IGH : pourquoi les défendrait-on ? l’avis populaire s’y oppose de même que les PLU. Est-ce qu’ils résoudraient les problèmes ci-dessus énumérés? Non, ils ne feraient que les accentuer.
La requalification des quartiers délaissés et des zones d’activité : voilà un domaine laissant des opportunités d’action à la portée de notre savoir-faire.
La métropolisation répond à une logique de concentration. Faut-il y collaborer, ou s’y opposer compte tenu des désordres qu’elle engendre ?
En tant que professionnel, on est amené à y participer ; en tant que citoyen, il faudrait s’y opposer. La métropolisation n’est pas inéluctable. Les élus et les « urbanistes » sont depuis longtemps responsables de l’organisation du territoire, et non les architectes. Ils n’ont, à mon avis, même pas été consultés. Le principe de la ville multipolaire, par exemple, était séduisant et méritait d’être défendu dès les premiers schémas directeurs.
La logique mise en place voici 60 ans poursuit ses ravages, et il est difficile de croire que la portion congrue du domaine d’intervention qui nous reste nous permettrait de la changer.
En fait, qui nous demanderait d’y répondre, à ces enjeux ? Finalement, pourquoi l’auteur de la question se la pose-t-il ?
Les architectes, me semble-t-il, ne sont pas en position de répondre à l’ensemble des enjeux de la métropolisation, mais ils pourraient être mis à contribution pour répondre à certains d’entre eux, où leur savoir-faire serait un bénéfice pour tous, si on les laissait faire. Par exemple en leur attribuant un rôle déterminant dans la mise en place et la conception des ZAC.
Mathieu Gainche, architecte (village, Saône-et-Loire)
Architecte - Ville < 50.000 habitants - 63150
La liste est longue des domaines ou les architectes pourraient voire devraient intervenir pour gagner le pari du développement durable. « Développement durable » qui d’ailleurs se réduit sans les architectes à un joli package marketing.
Les architectes n’ont pas su défendre leur profession et continuent souvent par crainte d’un corportarisme honni, d’une réglementation jugée castratrice, d’une perte de liberté individuelle à se laisser dévorer par des plus fédérés, des plus intéressés, des plus terre à terre qu’eux.
Le seuil d’intervention de l’architecte, la distinction entre déclaration préalable de travaux et le permis de construire, toutes les possibilités offertes à des fins simplificatrices pour inciter le quidam à construire qui sont à mon avis plus démagogiques qu’efficaces ont laissé croire que l’acte de construire ou d’aménager était facile.
Petit à petit, les architectes se sont éloignés du grand public séduit par des solutions toutes faites, des maisons prêtes à l’emploi…Le marché du bâtiment de la position de partenaire pourrait bien devenir un adversaire à combattre pour défendre l’architecture. A se demander, d’ailleurs ce que l’architecture va bien finir par vouloir dire, quand les titres d’architecte ou d’urbanistes sont récupérés notamment par les informaticiens. Si, il existe même des urbanistes de réseaux informatiques…
Tant que la profession n’aura pas compris qu’en parallèle à la bonne parole prodiguée auprès des maîtres d’ouvrage et du grand public, elle se doit de se défendre, de protéger son pré carré, de reconquérir pas à pas le terrain perdu, de s’organiser en ordre de bataille, elle continuera à perdre des batailles sans avoir même commencé à lever le nez.
L’un des sports préférés de nos concitoyens consistant à chercher à se passer d’architecte, encouragés en cela par les pouvoirs publics de tous les bords politiques, nous risquons tout simplement si nous ne réagissons pas de disparaître. Les difficultés rencontrées par la professions se situent à toutes les échelles: La semou pour les plus importantes, l’existence d’un seuil pour les plus petites.
Paradoxalement, par amour de notre métier, enclins à trouver la meilleure solution pour nos clients, la moins chère, la plus adaptée, la plus conforme à leurs désirs, nous finissons par oublier que pour faire de l’architecture et de l’urbanisme, il faut des architectes et des urbanistes.