Depuis 2013, le CAUE de l’Essonne est engagé dans une réflexion collaborative sur le devenir des territoires pavillonnaires : Hissez pavillons ! Le travail de terrain mené au CAUE au travers des demandes communales et des conseils aux particuliers fait état d’un décalage entre l’idée reçue du pavillonnaire qui « ne bouge pas » et la réalité des territoires. Et pourtant si, cela bouge dans le pavillonnaire !

Pourquoi s’intéresser au pavillonnaire en Essonne ? Il y a bien sûr, la lutte contre l’étalement urbain, le foncier trop cher et rare et la réduction des dépenses d’énergie (déplacements et logements mal isolés entre autres). Nous pouvons ajouter les raisons suivantes :

- Le pavillon est la forme bâtie prépondérante dans notre département, il est donc essentiel de travailler avec l’existant.

- Cette typologie ne correspond plus aux foyers actuels. En Essonne, trop de candidats à l’accession seraient en recherche d’une autre solution d’habitat qu’un pavillon : trop cher, pas adapté, loin des transports…

Deux questions transversales sont abordées : le logement et les modes d’habiter ainsi que les mutations à partir de l’existant.

- Quelles sont les mutations aujourd’hui ?
- Quelles sont celles qui devront être engagées demain ?

Fort de sa proximité avec le territoire, le CAUE favorise la rencontre entre les acteurs du cadre de vie : habitants, élus et professionnels concepteurs. L’objectif est de faire évoluer les références culturelles de chacun en matière d’habitat pour aller vers des projets d’intérêt collectif.

Cinq thématiques sont définies en terme de mutation :
> diversifier l’offre d’habitat
> adapter le bâti et le foncier existants
> favoriser la cohésion sociale
> améliorer les déplacements
> développer une économie locale

Dans le cadre de cette démarche, deux actions-phares sont conçues comme des outils d’aide à la décision : l’Observatoire des mutations pavillonnaires  et les Ateliers du territoire en mouvement.

L’Observatoire des Mutations Pavillonnaires  porte à connaissance les évolutions à l’oeuvre sur les quartiers d’habitat individuelexistants. Cet observatoire prendra, à terme la forme de fiches-projet consultables en ligne et de visites thématiques pour les élus et particuliers. Il constitue une ressource collective mise à disposition des publics du CAUE de l’Essonne.

Rénovation thermique, surélévation, pédibus, autopartage, maison partagée, micro-bailleur social, colocations intergénérationnelles, etc. : un panel de réalisations repérées par le CAUE est enrichi via un appel à contributions. Particuliers, collectivités, organisations citoyennes et professionnels sont invités à faire part de leurs projets pour un partage d’expériences.

Avecles Ateliers du territoire en mouvement, les élus ouvrent leurs territoires comme champs d’études expérimentales aux étudiants franciliens. Le CAUE a tissé des liens avec plusieurs établissements franciliens dans les domaines de l’architecture, l’urbanisme, la sociologie et le paysage. Forts de cette expérience, dès la rentrée universitaire 2013, les « Ateliers du territoire en mouvement » ont formalisé ces liens pour être au plus près de la demande des élus. Ces Ateliers sont permanents et les élus peuvent solliciter le CAUE pour y participer.

Au programme pour les écoles participantes : répondre de manière opérationnelle aux questions et enjeux d’élus en apportant des regards croisés d’étudiants venus de plusieurs disciplines. Les « Ateliers » deviennent un lieu d’échange, d’ouverture et de débat, avec l’objectif d’offrir aux élus des outils de projets innovants et territorialisés. 110 étudiants, venant de 6 formations, encadrés par 11 enseignants de 5 établissements d’enseignement supérieur différents ont ainsi participé aux ateliers en 2013/2014.

Les élus de deux communes essonniennes se sont prêtés au jeu cette année, sur le thème des mutations urbaines dans les quartiers pavillonnaires : Igny et Bouray-sur-Juine. Deux contextes urbains très différents mais une même volonté des élus d’ouverture et de réflexion sur leur territoire.

Les échanges ont été fructueux pour chacun, avec trois constats forts ressortant des projets :

- Les pratiques et les initiatives des habitants sont des ressources pour faire naître des projets territorialisés,

- C’est en partant des caractéristiques existantes du cadre de vie que l’on valorise l’identité et le patrimoine des communes,

- Le lien social se crée en installant une économie de proximité.

Avec les nouvelles conditions posées par la loi Alur, les divisions parcellaires dans les quartiers pavillonnaires sont en augmentation en Essonne. Si cela a l’avantage de créer de nouveaux logements, ces mutations sont mal maîtrisées. Les propriétaires en tirent un avantage financier certain. « Hissez pavillons ! » a fait ressortir l’importance de la territorialisation des projets. L’urgence est donc à la compréhension de ces mutations pour entreprendre des projets d’intérêt général. La mixité fonctionnelle et typologique mais surtout la qualité des espaces publics futurs dans ces quartiers seront la base d’une mutation réussie. Face à ces enjeux, le rôle de conseil des professionnels de l’acte de bâtir est primordial. Les architectes, urbanistes et paysagistes des CAUE exercent au sein d’une structure indépendante et neutre. Ils tiennent plus que jamais ce rôle d’intérêt public auprès des élus et des particuliers.

Pour le CAUE 91,
Christine Leconte, architecte
Nolwenn Marchand, paysagiste