La politique du logement en France
Face à un double constat social et environnemental, le gouvernement a défini des objectifs ambitieux pour la construction et la rénovation des logements.
Des millions de nos concitoyens souffrent du mal-logement ou ne sont pas logés du tout. Les familles qui ne trouvent pas de logements vivent dans des hôtels qui coûtent extrêmement cher à la collectivité et dans des conditions de précarité insupportables.
Les évolutions du climat, la pollution de l’air, la consommation des énergies fossiles mettent en danger l’environnement et la vie elle-même. L’automobile et les bâtiments sont à la fois consommateurs d’énergie et polluants. Il est urgent de diminuer leurs impacts négatifs sur la qualité de vie dans les villes par des mesures drastiques de changements des comportements, et la mise en place d’un urbanisme durable et d’une construction économe en énergie
La démarche objectif 500000 logements a été lancée par le ministère de l’Egalité des Territoires et du Logement pour qu’une large consultation s’instaure sur les moyens à mettre en place pour construire 500000 logements par an et en rénover autant chaque année.
L’urgence est là de construire plus et mieux ; cependant les leviers à mettre en œuvre notamment financiers ne semblent pas activés et au contraire, on constate une baisse continue de la construction de logements qui met tout le secteur du bâtiment en difficulté.
La rénovation écologique, faute d’un réel investissement financier n’est pas massive, les particuliers, les copropriétés, et les bailleurs sociaux, tout comme les pouvoirs publics se heurtent à des obstacles culturels et financiers.
Mutations : Commande publique et commande privée
On constate, comme conséquence de la raréfaction des fonds publics, une diminution importante de la commande publique au profit de la commande privée modifiant les procédures de dévolution des marchés à la maitrise d’œuvre favorisant toutes les procédures de partenariat public/privé au mépris parfois de la bonne gestion des fonds publics et de l’intérêt général.
Des quartiers entiers, logements, équipements, espaces publics sont désormais construits par des promoteurs privés avec des fonds privés. Le modèle anglo-saxon de la fabrication de la ville se généralise en Europe. C’est une mutation culturelle que nous allons devoir opérer. La règlementation édictée par l’Etat ou les collectivités locales ne sera plus opérante parce que la puissance publique n’investit plus elle-même. La négociation, habituelle chez nos voisins anglais prend place dans les procédures de décisions et c’est avec elle qu’il faut compter pour préserver l’intérêt général.
Innovations : Comment construire plus de logements de qualité ?
La politique de construction du logement a toujours été tentée par la mise en place de systèmes permettant l’industrialisation des éléments constructifs et une rationalisation des méthodes constructives. Cette tentation resurgit aujourd’hui face à l’urgence. Si la volonté de rationalisation et d’économie peut être entendue, elle ne peut être le seul critère de qualité de la construction des logements ; les effets pervers de la répétition combinée à la volonté de diminuer les coûts ont conduit à des catastrophes urbaines dont nous supportons encore les conséquences.
A l’esprit de systématisation et de rationalisation des processus, il faut ajouter la spécificité de chaque contexte urbain et géographique, de chaque programme pour une population chaque fois différente.
Nous devons inventer de nouvelles formes d’habitat pour que tous puissent se loger au plus près des services et des transports, selon leurs besoins.
Le respect de l’environnement est devenu une nécessité impérieuse. La transition écologique est un moteur puissant de l’innovation, mais elle ne doit oublier personne.
Les modes de vie ont été considérablement modifiés et l’on habite plus un logement comme il y a cinquante ans. Les situations familiales, le vieillissement de la population, demande des logements flexibles dans leur usage et spécifiques aux besoins de certaines catégories de population ?
Nous devons construire un habitat dense, plus collectif avec des espaces communs. L’opposition espaces publics /espaces privés doit s’enrichir d’espaces transitionnels plus importants qui prendront en charge les différentes strates de la vie collective.
Evolutivité, concertation, prise en compte du coût global et innovation doivent guider les nouveaux projets d’architecture et d’habitat.
Une vision prospective de la profession d’architecte
De nouveaux outils pour faire quoi ?
Tous les acteurs de la construction, maitre d’ouvrage , maitres d’œuvre, entreprises, allons utiliser dans les dix prochaines années de nouveaux outils numériques pour la conception et la réalisation des ouvrages qui vont nous contraindre et sans doute, utilement nous encourager, à redéfinir nos missions, nos compétences et nos rôles respectifs dans un nouveau processus qui se veut collaboratif .
La maquette numérique peut-elle sensiblement abaisser les coûts et réduire les délais comme le disent ses défenseurs ? Le doute est permis mais ce qui importe aux architectes est d’avoir des outils plus performants pour la qualité de leur travail et de l’architecture.
Nous devons, architectes, rester extrêmement vigilants face aux mutations et innovations pour sauvegarder notre indépendance par rapport aux groupes de pression financiers et autres entreprises.
Les architectes maitres d’œuvre mais aussi, les architectes de la fonction publique, les architectes des bâtiments de France, les CAUE, sont garants de la qualité de l’architecture s’ils restent indépendants.
Il s’agit moins de monopole que de garder la maitrise du projet et de promouvoir la culture architecturale.
Avec la complexité des ouvrages, l’architecte n’appréhende plus seul l’ensemble des éléments d’un projet ; il travaille avec des partenaires et conformément à une tendance générale de la société, son travail, à la fois, se spécialise et se complexifie.
Les structures d’architecture doivent-elles intégrer les différents savoirs ou bien s’en tenir au rôle spécifique de l’architecte qui pourrait in fine, se réduire à la conception spatiale d’un bâtiment ?
Deux nouveaux champs s’ouvrent et se développent pour les architectes qui sont les porteurs de projet, de la création architecturale au service du public :
La rénovation écologique tout comme la mise en accessibilité, ne peuvent se réduire à la mise en application de normes. Elles s’inscrivent dans un projet global de réhabilitation et de revalorisation d’un bâtiment.
De même, le vaste champ du projet urbain ne peut plus se réduire à un découpage foncier
assorti de règles générales.
Entièrement rénové, il devient conception et réalisation en trois dimensions d’un projet concerté et partagé de la ville.
L’innovation est un progrès si, comme dans l’histoire du mouvement moderne au XXème siècle, une révolution technique et stylistique, se fonde sur une ambition sociale voulant s’incarner dans une architecture et un urbanisme porteur de bien être et de culture pour tous.
Autres moments de l’histoire, autre lieux, à quelle modernité aspirons nous ?