Puisque le monde fini a commencé, on ne devrait compter comme progrès que ce qui rend heureux aujourd’hui sans dépenses vis-à-vis de l’avenir.
Alors que faire pour le logement ?

Alors que faire pour le logement ?

Arrêtons le toujours plus avec toujours moins :

S’il est nécessaire de persévérer à améliorer les performances thermiques et l’accessibilité des logements pour les personnes à mobilité réduite, il est urgent d’inverser les tendances :
- les logements neufs doivent retrouver leur valeur d’usage,
- leurs surfaces et volumes doivent être augmentés,
- ils doivent trouver leurs extensions sur l’extérieur (balcons, terrasses, loggia).

Des chambres trop petites et des couloirs trop larges, des locaux sanitaires démesurés par rapport à des salons riquiquis, des charges minimales mais des pièces aveugles, ceci est inutile, mauvais, triste.

Il est nécessaire de ré-orienter la spirale du financement du logement vers sa fonction principale : l’habiter.

Cela implique une reforme culturelle du patrimoine, du foncier, de la fiscalité, de l’aide au logement, une réhabilitation de la location.

Et que faire pour la ville ?

La ville est le moteur du développement économique et social ; elle est le lieu du vivre ensemble : travailler, apprendre, se soigner, consommer, habiter, faire la fête…

La ville se doit d’être agréable, saine et belle, à l’instar des espoirs de ceux qui y vivent. La ville est un acteur dans un système de flux.

En alliant les compétences et l’expertise de professionnels et d’élus, la promotion des ateliers de projet urbains, aux compétences améliorées, permettront l’élaboration concertée des villes du futur. Lieux privilégiés de diagnostics, de repérages, lieux de capitalisations et de diffusion des avancées des inventions architecturales et urbaines, sociales et environnementales, ils devraient dépasser leurs rôles actuels d’aide au passage à l’acte pour devenirs opérationnels sur l’aménagement des villes.

Le contact et la relation humaine s’y trouveront renforcés et par la même la confiance dans le progrès, sans laquelle aucune économie ne peut fonctionner. C’est par une confiance renforcée dans une gouvernance comprise que l’envie de faire la ville belle supplantera la crainte d’une détérioration de l’environnement et les refus de toutes ses transformations.

Et pour les territoires ?

Des territoires, à l’échelle des lieux où vivent les gens…

L’opposition entre le rural et l’urbain a complètement évolué : les agriculteurs sont minoritaires dans l’espace rural, mais y jouent un rôle important, les ouvriers y vivent, le niveau de services y augmente.

La mobilité, un des éléments immuables de la modernité dessine les contours de la métropole dynamique.

L’étalement urbain, non maitrisé est un mal environnemental et un discriminant social reconnu.

L’accès aux services et à la culture devient réservé à ceux qui ont les moyens de se déplacer, ou d’habiter à proximité des réseaux de transport en commun.

Il est donc urgent d’avoir des projets ambitieux pour les territoires, les identifiant avec force, construits collectivement sur la base de leurs racines et de leurs identités culturelles, à faire partager.

Il est important de se reposer la question des usages de l’espace public, d’accès libre et gratuit, qui aujourd’hui devient de plus en plus restreint et mono-fonctionnel : liberté de circuler mais également liberté de manifestation, de parole, d’expression, de commercer…

Il est raisonnable de considérer le paysage comme une valeur et une ressource, facteur de bien-être et de plaisir, à préserver, à valoriser.

Ainsi les territoires deviendront attractifs pour attirer les talents, et les entreprises les accompagneront.

Dynamique démographique, rayonnement, compétitivité, positionnement géographique, les ingrédients d’une stratégie d’ambition et d’ouverture sont là.

Jean-Mathieu COLLARD, architecte, Strasbourg, Secrétaire du Conseil national de l’Ordre des architectes