Le curieux rapport d’information du député Patrick Bloche qui conclut à la nécessité de vouloir créer un désir d’architecture au sein de la société française, revient naïvement à rêver à vouloir changer la Société. Cela serait à la Société de s’éduquer aux désirs compatibles avec la production actuelle de quelques professionnels. Bon courage et bonne chance ! mais dans un contexte économique aussi contraint, il serait plus raisonnable de rendre désirable les architectes.
La vanité de ce type de rapport d’information, pommade sur une cautère de bois, est de ne toucher à rien mais lancer quelques promesses placebos inaccessibles.
Quelques industriels géniaux savent conjuguer désir et consumérisme. On pense à Apple et ses IPhone, mais la leçon à en retenir c’est d’abord un énorme travail d’exigence sans faille, et une capacité à aller au delà de ce que l’on pourrait se contenter de produire pour exister.
Ce n’est donc pas une politique attentiste se contentant d’atermoiements aux subsides publiques, mais un engagement “industriel“ de longue durée.
1 – Un environnement contraint
La première chose est de prendre en considération les contraintes des futurs clients. La fortune des pavillonneurs ne repose pas seulement sur le fameux seuil qui permet d’éviter l’architecte, mais la capacité à proposer une offre compatible avec la demande….. du banquier.
Parce que l’achat d’une maison individuelle c’est d’abord l’acceptation d’un crédit. Il entraine donc un formatage résultant de la demande des financiers à en évaluer précisément le risque, contrefaçons comprises.
Lorsqu’un banquier voit arriver un plan d’architecte…. il est dans l’inconnu, il ignore combien de dents on va lui arracher et pour combien ? Situation que les banquiers détestent. La réponse serait donc de la part des architectes non pas à répondre en “oeuvre contextuelle,“ mais en “produit calibré.“ Ce qui les obligeraient à se rapprocher de l’ingénierie et de les éloigner de leurs démiurgiques petites cuisines.
2 – Une législation contradictoire.
Incruster un projet dans la règlementation existante… c’est devoir se coletiner ; le code du travail, le code Pompier, le code de la construction et pour finir le P.L.U.
Souvent ces codes, établis séparément parfois depuis la nuit des temps, sont en contradiction voire se dédoublent, se chevauchent. Le législateur serait utile à mettre en chantier la coordination de ces textes plutôt que de courir après un hypothétique désir d’architecture.
3 – La recherche en architecture
Prévue dans la réforme de l’enseignement; c’est le D de L.M.D. Mais qu’est ce qu’un Docteur en architecture ? Curieusement nos faiseurs parisiens, semblent se contenter d’exploiter des étudiants dans les phases concours comme seule R&D. Cela ne marche pas et le résultat c’est que nos banlieues tiennent dorénavant plus de cartes postales bataves du dernier week-end de l’architecte, que de la résolution des spécificités de chaque territoire.
Pourtant, et l’échec des projets parisiens; de la Canopée à la Samaritaine en passant par Roland Garros, nous rappellent que le champ d’expertise qu’il aurait fallu développer ; c’est le questionnement autour de la transformation de la ville historique constituée. C’est une affaire sérieuse qui va au delà du courroux de quelqu’uns et de l’écriture politiquement négociée à la va-vite d’articles de P.L.U, que chacun feint, aujourd’hui, de découvrir et reproche ensuite aux Tribunaux Administratifs de lire dans le texte.
Ce Travail n’a pas été entrepris. Pourtant depuis les bulldozers des années 70, la façadisme des années 80-90, nous avions été prévenus, et l’on ne voit pas comment on pourra éviter d’y répondre.
Jérôme Auzolle, Directeur de Publication www.archicool.com
Architecte - Ville > 50.000 habitants - 97400
« désir d’architecture…il serait plus raisonnable de rendre désirable les architectes. »
Juste sur ce préambule, est il utile de sembler opposer architecture et architectes!?
Ne sommes nous pas dans la même galère?
L’envie, ce désir évoqué, n’est ce pas ce qui nous porte tous?
Et ce qui poussent certains à venir nous voir, et oeuvrer avec nous?
L’ingénierie dont vous voulez vous rapprocher est à la fois un moyen, mais le piège qui contraint progressivement, jusqu’à l’étouffement, notre travail?
Nous sommes à la fois artisans, et obligés à l’excellence démontrée et quantifiée…
Ce rapport me parait intéressant, comme bien des participations ici. Mais bon courage à ceux chargé de faire la synthèse!
Merci Jérôme Auzolle pour ce petit rappel.
Architecte - Ville < 50.000 habitants - 27800
Moi aussi, le début de cet article m’accable : les architectes devraient donc passer avant l’architecture ? … c’est le monde à l’envers. Moi architecte, je n’ai que faire d’un « désir d’architectes » ; un « désir d’architecture » suffirait à me combler.
Quant à estimer comme vaniteuse, la démonstration d’intérêt pour l’architecture de M. Bloche, j’en suis sidéré. On peut ne pas partager certaines de ses 36 propositions, mais l’environnement extra hostile dans lequel nous nous débattons tous les jours, ne devrait-il pas nous inciter à ne pas dédaigner une main tendue.