Comment améliorer la qualité (d’exécution) des projets ?

Vite, pas cher et sans reproche !

Difficile équation pour les architectes, ingénieurs et entreprises du bâtiment. Et pourtant, c’est le quotidien pour tous ces acteurs qui souhaitent mettre leur compétence et leur professionnalisme au service du cadre bâti. La demande est forcément légitime : les besoins sont là, le service doit être assuré rapidement, et les finances sont limitées.

Raison de plus pour se projeter à long terme, celle de la durée de vie d’un bâtiment. La qualité des études et de l’exécution des travaux est strictement liée à leur durée. Et influe directement sur le coût de maintenance et d’entretien, qui peut-être trois fois supérieur à celui du coût de construction !

Partant du principe que les concepteurs et constructeurs sont de bons professionnels, avec une main d’œuvre qualifiée, donc en capacité de produire de la qualité, comment s’étonner d’une possible « non-qualité » des ouvrages quand la coordination et la synthèse des études d’exécution entre tous les intervenants du chantier s’opèrent en 1, voire au mieux, 2 mois de préparation ?
L’Empire State Building a été construit en 2 ans, la préparation du chantier a duré … 5 ans !

Contrairement aux pays anglo-saxons, où les études d’exécution et la synthèse sont réalisées par la maîtrise d’œuvre en amont du chantier, en France, celles-ci occupent en général toute la durée des travaux, dans un climat économique toujours tendu.
Dans ce contexte, attention au mirage du BIM, qui ne pourra se développer harmonieusement en France sans remise à plat de notre système de fabrication du projet, dans un esprit de partenariat et d’accompagnement, et non de défiance.

Enfin, que chacun, concepteur, chef d’entreprise, et surtout compagnon sur le chantier ou dans l’atelier, prenne chaque jour du plaisir dans son travail et en soit fier : nous avons tous en commun la chance de laisser une trace durable de notre passage sur cette terre. Je veux que mes enfants en soient fiers.

Vive le bâtiment, (et ceux qui le font !)

Eric Wirth, architecte, Président du Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Aquitaine

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2 commentaires au sujet de « Comment améliorer la qualité (d’exécution) des projets ? »

  1. Boivin Pascal

    Architecte - Ville > 50.000 habitants - 30900
    Une belle image 3D donne souvent l’illusion d’un projet abouti, prêt à être consommé comme l’image rétroéclairée du hamburger au dessus du comptoir du fast-food.
    L’ombre du BIM évoquée, risque effectivement d’être une parodie de synthèse, une juxtaposition de couches de claques que chaque intervenant va stratifier. Qui va valider chaque information ajoutée ? La relation humaine, l’échange, la confrontation des points de vues, la co-élaboration du projet avant de faire les choix, et prendre les bonne décisions, enfin le plaisir évoqué, comme et lien relationnel entre les acteurs et l’oeuvre partagée.
    La synthèse est une vérification, une mise en compatibilité, elle n’est pas le coeur de la conception. La cohérence elle, est du ressort de l’architecte pour que l’orchestre interprète l’oeuvre, ensemble.
    Dans la séquence entre la pensée, le geste et l’outil, le BIM n’est que l’outil.
    Elaborons la pensée et apprenons les nouveaux gestes, pour que l’outil serve le projet, ceux qui l’élaborent, et enrichisse cette cohérence. Il appartient aux architectes, garants de la cohérence du projet, de veiller à la pertinence des outils qu’on voudrait lui imposer, pour que ses enfants restent fiers de lui.

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    1. COLOMBIER PATRICK

      Architecte - Métropole - 75020
      Le syndicat de l’architecture s’est intéressé depuis longtemps au BIM et a voulu dans son journal N°20 de Mai 2014 alerter les architectes sur l’urgence qu’il y a pour chacun de s’intéresser à cet outil, faute de quoi d’autres acteurs du bâtiment en revendiqueraient la « gestion ».
      Le Moniteur a, courant Aout, fait paraître toute une série de positions sur le sujet dont la moindre n’est pas celle de Bouygues construction ! Il faut que chaque architecte prenne le temps de s’intéresser à ces articles et de s’interroger sur la maîtrise du projet.

      Si l’architecte ne se positionne pas à l’origine de la maquette 3D qui le fera ?… l’entrepreneur, le bureau d’études, l’économiste ? Franchement je ne vois pas alors à quoi ressemblera ce projet ! Du côté des architectes, l’Ordre, l’UNSFA et le Syndicat de l’Architecture semblent réfléchir chacun de son côté !… c’est malin !

      Patrick COLOMBIER

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