Au travers de formes très diversifiées en Europe mais qui ont tendance à s’homogénéiser, chacun espère un « vrai habitat ». Ce mot a d’abord relevé du registre botanique et zoologique désignant un milieu de vie adapté à l’animal ou au végétal(1), avant de s’étendre à l’habitat humain. Jackson a analysé comment les paysages, ruraux ou urbains, qui se sont constitués au fil des âges jusqu’à nos jours, l’ont toujours été en liaison avec les pratiques vernaculaires indissociablement corrélées à la rencontre complexe de l’homme avec son milieu. Dans les territoires ainsi produits et transformés en fonction de préoccupations à la fois environnementales, sociales, économiques et culturelles, les aménagements tendent à s’ajuster localement à l’existence et à l’histoire des habitants. Par un façonnement mêlé du culturel et du naturel, tout paysage vernaculaire(2) (de verna, qui désigne l’esclave né dans la maison de son maître, attaché à un lieu), contrairement à l’idée véhiculée du primat de la permanence, est sécrété par des manières d’habiter où l’adaptation aux changements des modes de vie et aux territoires est déterminante.
La demande d’habitat suppose bien sûr un logement, et il y a urgence à résoudre l’inacceptable face à une inégalité croissante, à la multiplication de sans logis ou de mal logés, mais elle ne se réduit pas à un toit. Car ce qui est en jeu dans l’habiter ne relève pas seulement de l’abri ni de la consommation d’un produit du marché. Les données anthropologiques en tant que fait existentiel total sont constitutives des lieux de l’habiter(3). Tout espace architecturé, en orientant les existences dans leur traversée et en qualifiant les conditions des relations au milieu, les maintient ou les accable dans le flux destinal qui les entraîne. L’architecture et la ville peuvent prendre soin des fragilités, des craintes, des aspirations et de la singularité des lieux ou au contraire les ignorer et refuser tout lien comme toute mesure commune en rompant avec les situations habitantes et les mémoires collectives. Ainsi la charte d’Athènes a véhiculé une vision qui se voulait universelle et une volonté de « tabula rasa », renouant de la sorte avec une certaine démarche utopiste qui échafaudait des systèmes rationalisés non déterminés par l’inscription dans des spécificités culturelles territoriales. Par la suite, se sont multipliées des formes engendrées suivant des principes abstraits systématiques, des trames de voies de circulation rectilignes et des immeubles uniformes et parallèles, faisant ainsi fi non seulement de la topographie et du caractère local mais du sens même de l’habiter(4) qu’une pensée idéologique a occulté(5) sans égard.
Paradoxes de l’habiter urbain
Le milieu urbain est un milieu sensoriel et social fortement paradoxal. Il est un mixte réel et imaginaire d’intensité et de diversité de stimuli par les sollicitations acoustiques, visuelles, émotionnelles qu’il suscite, mais il est aussi producteur d’ambiances anesthésiantes et homogénéisantes. Si la ville est souvent considérée comme emblématique des mixités ou de la liberté (« l’air de la ville rend libre »), elle l’est aussi de ce qui sécrète l’exclusion ou le repli. Forme manifeste du commun, l’essor de l’urbanisation coïncide également avec le renforcement du double processus de massification et d’individuation qui fait que dans de nombreux pays, les normes, valeurs, décisions concernant les pratiques culturelles – qu’il s’agisse de s’alimenter, de se soigner, d’éduquer, de vivre en couple, de rites mortuaires… – semblent tout autant déterminées par la pression sociale, la tradition ou les médias que par un libre arbitre. La privatisation de la ville qui gagne du terrain, rend de même cruciale la question des limites et des partages. Les évolutions ont de fait extrémisé une situation où chacun est dans sa « bulle », contenue dans d’autres sphères, comme l’explique Peter Sloterdijk, depuis l’utérus jusqu’à l’internet en passant par la coupole et la ville, mettant l’accent sur la réalité d’un milieu hyper-relationnel paradoxal, une « écume » de vie(6). Des polarités paradoxales particulièrement significatives se réinventent dans la civilisation urbaine, touchant le fixe et le mobile, le proche et le lointain, l’intime et le commun, l’artifice et le naturel, le puissant et le précaire.
Le fixe et le mobile
Jean-Pierre Vernant a rappelé que dans la mythologie grecque du foyer, une bipolarité lie comme complémentaires Hestia, principe de permanence, et Hermès, principe d’impulsion et de mouvement. Les mutations des modes de vie et la virtualisation ont activé cette double polarisation de l’espace, à la fois ici et là-bas, recueil et déploiement, statique et dynamique, point fixe et mobilité. Michel Maffesoli qualifie la bipolarité du statique et du dynamique d’ « enracinement dynamique », tout en soulignant son caractère ambivalent. Certes, on séjourne un laps de temps dans la demeure, mais s’y enracine-t-on ? A partir de combien de durée peut-on dire qu’il y a demeure ? Ce qui est en jeu relève moins de l’enracinement que du point fixe, ce point fixe étant lui-même éclaté et pouvant être plus ou moins provisoire. Le phénomène de multirésidence qui se répand dans toutes les catégories de la population peut être compris comme une tentative de ruser par alternance(7) (séjours en ville, à la campagne, à la montagne ou à la mer) avec les contradictions générées par les nouveaux modes de vie. Un point d’ancrage ailleurs qu’en ville se présente comme un refuge possible aux générations quand la famille se disperse. Il peut offrir également un autre type de rapport à la nature quand prolifère un urbain donnant souvent l’impression d’en occulter les rythmes ; le jour et la nuit, les saisons, le rapport au ciel, à la terre, au végétal, à l’animal… Les aspirations au ludique, à l’onirique, à la santé, à la redécouverte de son corps, au bien-être, à l’évasion, qui structurent l’imaginaire actuel, s’expriment dans cette double attirance du déplacement et d’un foyer familier rassurant. Radkowski(8) insiste sur le passage, dans l’habiter urbain, de la sédentarité à un nomadisme très différent du nomadisme traditionnel en ce que ses repères sont instables. Les connexions possibles entre demeure, quartier, ville, réseau, monde, tracent d’autres figures du fixe et du mobile. L’art de les combiner participe aux conditions de l’urbanité nomade, dont le ressort dans la ville contemporaine est autant la confrontation à l’inconnu que les retrouvailles avec le connu (cf. Robert Park). Si l’anonymat est une souffrance il est aussi un des attraits de la ville qui ouvre des possibles par des systèmes rhizomatiques mettant en connexion des points et des lignes mais aussi par l’exacerbation de la vitesse, la multiplication des rencontres, l’intensité et la diversité des rythmes, des temporalités, des mobilités, des émotions.
Le proche et le lointain
Les reconfigurations par polarisation et extension(9), qui accélèrent et intensifient les déplacements, modifient l’idée de proximité. Les débats aujourd’hui sur la « walkable city », combinant différents types de mobilité, sont une facette significative de cette tension du proche et du lointain comme de leur indissociabilité dans l’habitabilité des lieux. L’insistance de l’homme à rechercher un chez-soi est confrontée, à l’heure de l’urbanisation généralisée, à de nouvelles complexités. A la constatation que la pratique des espaces urbains amène à se déconnecter physiquement du lieu de résidence, s’ajoute celle de l’importance des relations à l’entour. Face à des situations qui se généralisent de travail ou de loisirs largement éclatées dans l’espace géographique, des formes d’inscription locale dans le quartier, le voisinage, reprennent vigueur. La stratégie résidentielle reste d’ailleurs largement déterminée par la localisation du travail mais aussi par des facteurs tels que la famille, les amis, l’école… ; ces liens étant d’autant plus actifs que pèsent des difficultés financières. Car l’habitant en fragilité cherche à se rapprocher de son groupe culturel, familial, ou d’un contexte propice au développement des échanges, des transactions, des solidarités.
L’intime et le commun
La part de l’intime et du commun est une autre caractéristique déterminante : se relier à autrui tout en préservant son intimité, en quête d’une possibilité conjointe d’échanges et de mises à distance pour que les différentes histoires, personnelles, familiales et collectives se déroulent. La répartition une pièce/une fonction aussi bien que l’absence de transition entre l’habitat et le milieu nuisent à des agencements flexibles articulant le public et le privé, le singulier et le pluriel, le dedans et le dehors. L’ouverture de possibles et de marges de manoeuvre par de justes espacements, passages et délimitations, est inhérente à l’appropriation par chacun de son habitat, non pas au sens d’en être propriétaire mais de s’y reconnaître et d’y mettre son empreinte. Toute structuration de l’espace opérée uniquement d’après une logique gestionnaire et technocratique, ou suivant une idéologie qui amène à concevoir les logements comme des lieux fermés et homogènes dans des immeubles compacts renforçant le caractère d’enveloppe close, ou comme des espaces de promiscuité, ne peut que désorienter l’habitant. L’habitabilité suppose d’établir des repères et que les modes de vie soient pris en compte(10), sans oublier de « permettre l’expression des différences ou ne pas y faire obstacle »(11). Le soin accordé aux échelles intermédiaires de protection et d’appropriation entre la sphère privée et les espaces alentours permet – au lieu d’enclore des immeubles d’habitat, ce qui renforce le sentiment d’insécurité – de développer les manières de se relier par des rues, des venelles, des chemins, des places, des jardins, des vides, des paysages…
La ville et la nature
Le contact avec l’eau, l’air, le soleil, le vent, la flore, la faune, le rythme des jours et des nuits, celui des saisons, ont une telle influence sur la vie quotidienne et peuvent procurer tant de plaisir ou de nuisance qu’ils constituent des réalités auxquelles les urbains se réfèrent pour s’en réjouir lorsqu’elles ont été bien apprivoisées ou pour s’en plaindre ou y aspirer lorsqu’elles ont été malmenées ou négligées. De justes implantations topographiques, de bonnes expositions, des balcons assez spacieux pour y installer une table et des chaises, des jardins, des parcs ou des « morceaux de campagne » dans lesquels il est agréable de se promener ou de s’arrêter, de s’isoler ou de parler, permettent de mieux vivre en ville.
Mais l’aspiration à la nature est plus ambiguë puisqu’elle concerne non seulement la nature domestiquée mais aussi la nature sauvage. Dans les sociétés urbaines, le désert, la mer, la montagne stimulent l’imaginaire et fascinent. Le Clézio – qui dans L’inconnu sur la terre explore les images des éléments, du vent, des nuages, de l’herbe, des arbres, des rocs, du ciel, de la vie, tissant les fils de ses rêveries – situe cette quête en-deçà ou au-delà des établissements humains : « Je ressens le désir du réel. Trouver ce qui existe, ce qui entoure, sans cesse dévorer des yeux, reconnaître le monde, savoir ce qui n’est pas secret, ce qui n’est pas lointain, le savoir non avec son intelligence mais avec ses sens, avec sa vie. Je ressens ce désir du réel avec tant de force qu’il me semble parfois que tous les autres réels s’évanouissent. Je voudrais ouvrir les portes, les fenêtres, abattre les murs, arracher les toits, ôter tout ce qui me sépare du monde… voir sans cesse la mer, le ciel, les montagnes. J’ai faim et soif de chaleur, de vent, de pluie, de lumière. Reconnaître les lignes sinueuses des rivières, entendre gronder l’eau, sentir le passage de l’air. Les villes des hommes me gênent, les mots des hommes me gênent… ce ne sont pas les hommes et les femmes qui peuvent satisfaire ce désir. » Ce qui est décrit est en quelque sorte la quête d’un contact direct avec la puissance incontournable d’une nature non fabriquée par l’homme. Capable d’autogenèse et d’automouvement (Aristote), elle prend l’homme dans ses plis dynamiques et dans son mystère. Le mot nature, qui vient du latin « natura » – signifiant à la fois « l’action de faire naître » et « le fait de naître » – et traduit le grec « physis » – dont la racine « phù » signifie « croître, pousser » -, permet d’appréhender la dimension de genèse toujours renouvelée qui la caractérise. L’importance, dans les nouvelles formes urbaines, architecturales, paysagères, de ce rapport établi avec une nature(12) en perpétuel changement et à la diversité stupéfiante, se présente comme d’autant plus précieuse que la thématique de la densité semble s’imposer face au mitage des campagnes et à la fragilité des écosystèmes. Les références à la nature géologique, tectonique, biologique, climatique relativisent ainsi la temporalité des hommes embarqués dans un mixte de temps longs et de temps courts. Ceci sans effacer la nature domestiquée avec l’engouement pour le paysage ou le jardin qui représentent un autre imaginaire désirable de nature et de culture.
Puissance et précarité
Mais de façon récurrente, c’est l’insistance de l’homme à s’établir partout et sans ménagement, qui a produit un tel tohu-bohu menaçant sa place sur terre. La montée en puissance des techniques anthropiques déployées pour modifier l’environnement oblige à repenser les activités humaines. La modernité occidentale, celle des Temps Modernes, avait opposé l’homme à la nature, suivant en cela la représentation dualiste d’une nature considérée comme le domaine des choses extérieures à l’homme. Cette conception vacille en même temps qu’est réinterrogée l’idée de nature, dont il n’y a pas de définition stabilisée dans l’histoire humaine mais un enchevêtrement de significations et de représentations culturelles lui afférant. Le déferlement contemporain de la sphère technoscientifique et économique, célébrée et dénoncée à la fois, engendre désormais une forte inquiétude avec la prise de conscience de son impact sur la transformation des milieux de vie. Chacun peut constater avec Ricoeur que « l’homme de la technique ajoute une fragilité supplémentaire qui est son oeuvre ». Face à une nature de plus en plus artificialisée, l’impensé de l’autre nature, non fabriquée, fait irruption. Les capacités de prévision, qui caractérisent le savoir scientifique, se trouvent débordées par la croissance des incertitudes quant aux effets à court ou à long terme, des interventions technologiques. Il y a loin du récit de La Nouvelle Atlantide (1627) dans lequel Bacon faisait l’éloge enthousiaste de la capacité de « reculer les bornes de l’empire humain en vue de réaliser les choses possibles ». La priorité n’est plus non plus d’élaborer un modèle et de l’appliquer mais de veiller aux conditions de perpétuation de la vie humaine. Toutes les cultures ont sécrété des récits de catastrophes liées à l’arrogance prométhéenne, annonçant les dangers inhérents à un développement incontrôlé. Ils accompagnent la culture occidentale (la démesure chez les Grecs, l’apocalypse dans la culture judéo-chrétienne…) et ressurgissent alors qu’est dénoncée la croyance moderne en un « progrès infiniment perfectible ». L’idée de se limiter est fortement réactivée avec le projet d’un développement durable approprié qui trouverait en lui-même sa limite, non comme une borne négative mais comme l’ouverture à d’autres desseins, ralliant dans une recherche de rationalité et de justice sociale(13) les partisans d’un retournement radical.
Un défi : établir les conditions du vivre ensemble
Pour ménager le séjour de l’homme sur terre, ce sont des négociations patientes et renouvelées, des délibérations toujours recommencées entre citoyens, décideurs politiques, experts… qui apparaissent pouvoir concilier des logiques distinctes, voire opposées ou conflictuelles autour d’un bien commun toujours en débat. L’inspiration créatrice n’apparaît en aucune manière suffire pour déterminer les sapiences souhaitables face à des situations complexes travaillées par de longues temporalités, et la science est tout aussi incapable d’y faire face à partir de ses seuls savoirs. Il s’agit de bâtir ce que Hannah Arendt dénomme « le monde, cela même qui surgit entre les hommes »(14) alors même que « cet ‘entre’ – bien plus que (comme on le pense souvent) les hommes ou l’homme – est aujourd’hui l’objet du plus grand souci et du bouleversement le plus manifeste dans presque tous les pays du monde »(15). Pour contrer un développement insoutenable, d’autres relations responsables et d’autres connivences sont recherchées à partir d’un repositionnement éthico-politique du rapport entre nature et culture, technique et société mais aussi du rapport des hommes entre eux. Dans l’habitabilité pour tous, les configurations de l’être-ensemble sont un défi majeur. Les communications de masse, l’individualisme et les communautarismes, l’indifférence vis-à-vis de la pauvreté, les mécanismes d’exclusion et les fanatismes contribuent au « déclin de l’homme public » et au brouillage symbolique. Le repli sur la vie privative ou l’ »entre-soi » ainsi que les différentes formes de réclusions sécuritaires favorisent une reviviscence de pulsions non seulement communautaristes mais fascisantes ainsi que le souligne Jean-Luc Nancy. Dans une société de masse qui consacre le règne du social(16) et la hantise de la sécurité(17), la cohabitation requiert instamment l’instauration de conditions de rapprochement et d’espacement comme celles de partage et d’en commun. Le joyeux défi d’une architecture des milieux et l’épreuve du politique seraient de tirer parti de l’hétérogène, de ménager les altérités, d’établir des rapports, sans postuler d’illusoires unités ou de tristes mixtures mais au contraire en favorisant des passages entre pluralités et singularités. Résister aux divisions et aux uniformisations mortifères des modes de vie et des cultures n’est pas chose facile. Il reste à imaginer et à instaurer d’autres possibles pour accueillir ce qui advient.
Chris YOUNES philosophe et psychosociologue, professeure à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-la-Villette et à l’ESA (Ecole Spéciale d’Architecture)
Notes :
1 Thierry Paquot précise : « Le mot ‘habitat’ appartient au vocabulaire de la botanique et de la zoologie ; il indique d’abord, vers 1808, le territoire occupé par une plante à l’état naturel, puis vers 1881, le ‘milieu’ géographique adapté à la vie d’une espèce animale ou végétale, ce que nous désignons dorénavant par ‘niche écologique’. Au début du XXème siècle, cette acception est généralisée au ‘milieu’ dans lequel l’homme évolue. Enfin, dans l’entre-deux guerre, on dira ‘habitat’ pour ‘conditions de logement’. » In « Logement, habitat, cadre de vie », Informations Sociales, n° 123, p. 49
2 J.B. Jackson, En quête du paysage vernaculaire, Acte Sud, 2003 [Edition originale : Discovering the vernacular landscape, Yale University ,1984]
3 Ce point a été développé en particulier dans Le philosophe chez l’architecte, M.Mangematin, C.Younès (dir.), Paris, Descartes & Cie, 1996 et dans « Feu et lieu », M.Mangematin, C.Younès, in Le sens du lieu, Bruxelles, Ousia, 1996
4 « Nous n’habitons pas », précise Heidegger, « parce que nous avons bâti mais nous bâtissons et avons bâti pour autant que nous habitons ».
5 Henri Lefebvre avait insisté sur cet aspect lorsqu’il dénonçait l’oubli de l’habiter : « nous opposerons fortement l’habiter et l’habitat. Vers la fin du 19e siècle, une pensée urbanistique, aussi fortement qu’inconsciemment réductrice, a mis de côté et littéralement entre parenthèses, l’habiter… L’habitat, idéologie et pratique, a repoussé ou refoulé dans l’inconscience l’habiter… Il a fallu la médiation métaphilosophique, celle de Nietzsche et de Heidegger, pour tenter la résolution de ce sens de l’habiter. » H. Lefebvre, La révolution urbaine, Paris, Gallimard, NRF, 1970, p.110
6 Peter Sloterdijk, Sphères III, Ecumes, éd. originale 2003, Maren Sell éditeurs, 2005
7 cf. François Dubost, L’autre maison, Autrement n°178, 1998 et Philippe Boninch et Françoise de Villanova, D’une maison l’autre, Paris, Creaphis, 2000
8 G.H. Radkowski, Anthropologie de l’habiter. Vers le nomadisme (écrit entre 1963 et 1968), PUF, 2002
9 F.Ascher, Metapolis ou avenir des villes, Paris, Odile Jacob, 1995
10 Rappelons quelques tendances sociologiques fortes en Europe qui amènent à reconsidérer la question de l’habitation de ces sociétés urbaines : vieillissement de la population, augmentation du nombre de femmes qui travaillent, modification de la famille (diminution des familles nombreuses, hausse du nombre de familles monoparentales ou recomposées, cohabitation de personnes non mariées, augmentation des personnes vivant seules), développement de l’individualisme, évolutions technologiques, pollution…
11 M.Segaud, Logement et habitat, l’état des savoirs, Paris, la Découverte, 1998, p.293
12 Cette approche de la relation entre nature et ville a été développée dans Ville contre-nature, C. Younès (dir.) Paris, la Découverte, 1999 et dans DAPA-BRAUP (2007-2008), Analyse des projets d’Europan de 1989 à 2004
13 dynamique amorcée avec la philosophie des Lumières puis réinterprétée par Jonas in Jonas H., Le principe Responsabilité, Editions du Cerf, 1990, [Première édition : Das Prinzip Verantwortung. Versuch einer Ethik für die technologischen Zivilisation, Insel Verlag, Frankfurt am Main, 1979]
14 H. Arendt, De l’humanité dans de « sombres temps ». Réflexions sur Lessing, Vies politiques, p.19
15 H. Arendt, De l’humanité dans de « sombres temps ». Réflexions sur Lessing, Vies politiques, p.12
16 qui n’est ni privé ni public, comme l’explique Hannah Arendt in Condition de l’homme moderne [1958], Calmann-Lévy, 1983
17 Comme le démontre Ulrich Beck qui présente les sociétés industrielles actuelles comme des sociétés du risque confrontées à une crise profonde des institutions dans la mesure où elles ne parviennent plus à protéger leurs membres des différents types de maux (écologiques, sociaux, politiques) qu’elles semblent même produire. U. Beck, La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, Flammarion, 2001
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