L’attractivité résidentielle est un défi pour de nombreuses agglomérations françaises qui souhaitent consolider leur rayonnement à l’échelle régionale ou nationale. Au-delà de son concours à la compétitivité territoriale, de plus en plus affirmée, elle participe à l’image positive d’un territoire et reflète la qualité du cadre de vie qu’offre ce dernier.
L’attractivité résidentielle ne se décrète pas mais se construit. Son atteinte réside en réalité dans l’utilisation de bons outils et dans la définition d’objectifs adaptés au territoire.
S’agissant des secteurs en rénovation urbaine, les attentes sont d’autant plus importantes qu’ils souffrent d’une image à connotation négative. L’une des pistes consiste alors à faire de ces secteurs de réelles vitrines du savoir-faire de la collectivité en termes d’aménagement.
De manière générale, certains fondamentaux s’imposent aux collectivités :
- articuler le projet urbain avec les orientations du Programme Local de l’Habitat qui peuvent notamment viser à :
- assurer la mixité sociale en développant une offre adaptée aux ressources de toutes les familles ;
- faire la promotion de l’offre existante en termes d’équipements, de services et de cadre de vie ;
- prendre en compte les problématiques liées aux handicaps et au vieillissement de la population;
- favoriser la diversité des fonctions alliant logements, équipements, commerces et services ;
- valoriser le secteur concerné pour en faire un élément du développement de la ville et de l’agglomération, en lui apportant une attractivité propre ;
- définir des ambiances urbaines et résidentielles de qualité à l’échelle des îlots et du secteur avec notamment une modification de la typologie urbaine et architecturale répondant aux besoins actuels ;
- faire le choix de démolitions ciblées ;
- délimiter clairement les espaces publics et privés, en vue de faciliter la lisibilité des aménagements et d’optimiser leur appropriation.
A titre d’exemple, le projet de requalification du secteur Amsterdam à Colmar, en cours de réalisation, est présenté ci-dessous. Il entend délivrer quelques clés de la réussite de l’attractivité résidentielle dans ces secteurs.
Le projet de requalification du secteur Amsterdam, situé en zone urbaine sensible, s’inscrit dans le cadre du Programme de Rénovation Urbaine de la Ville de Colmar, contractualisé avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU). Ce secteur est situé dans le quartier Europe, au sein de la ZUS éponyme composée majoritairement par de l’habitat de type tours et barres datant des années 60-70. L’objectif est de créer un nouveau point de centralité avec notamment la création d’un écoquartier et de renforcer l’attractivité du secteur en proposant un cadre de vie très qualitatif et répondant aux attentes de toutes les générations.
La définition partenariale du projet urbain
L’accompagnement des maîtres d’ouvrage, sur toute la durée du projet, par une équipe d’Assistance à Maîtrise d’Ouvrage pluridisciplinaire, composée d’un architecte-urbaniste, d’un environnementaliste, d’un paysagiste et d’un programmiste, est incontestablement un atout pour garantir la cohérence globale du projet. Dans le cadre du présent projet, la collectivité et le bailleur social intervenant sur le secteur se sont unis en groupement de commandes pour missionner une telle équipe. Cette démarche a permis une réelle co-construction du projet à tous les stades de l’étude avec une intégration des contraintes de chacun et la définition des formes urbaines et architecturales attendues.
L’établissement d’un cahier de prescriptions clair et détaillé, en amont de la présentation du projet aux promoteurs, a permis d’arrêter les contours des futures réalisations et de vérifier l’articulation entre les opérations des différents maîtres d’ouvrage.
La consolidation de la cohésion sociale
Les aménagements favoriseront l’épanouissement de tous grâce à la diversité des usages proposés. Les nouvelles liaisons piétons / cycles, complétant le maillage existant, réduiront les clivages entre quartiers et permettront une réelle ouverture et des échanges. L’ensemble des aménagements offrira aux habitants un cadre de vie de qualité concourant au sentiment de bien-être, de quiétude et de sécurité ainsi qu’à la valorisation de l’image du quartier.
Le Centre Europe, centre socioculturel intégralement rénové, revêt dès à présent le statut de lieu fédérateur grâce à la multiplicité des activités proposées et à la participation de nombreux acteurs associatifs, sociaux, culturels et scolaires (bibliothèque, activités périscolaires, salle de spectacles, accueil informel, etc.).
La diversité de l’offre de logements (locatif social et accession libre – logements collectifs et maisons en bande R+1) et la composition urbaine participeront à développer la mixité sociale au sein du quartier et favoriseront l’appropriation des espaces et le « vivre ensemble ».
La concertation avec les habitants et les différents acteurs du secteur (Conseil de Quartier, Comité des Usagers, Directeurs d’école), en amont du projet, a participé à la création et au renforcement des liens sociaux. Dans son prolongement, la réalisation d’un projet artistique (« Proxémie » de V. SKODA) par un groupe de jeunes adultes en insertion professionnelle a permis d’intégrer les attentes de la population et de véhiculer une image positive du quartier.
Le soutien à l’économie
Les travaux réalisés permettront de soutenir l’économie locale et participeront à la pérennisation voire à la création d’emplois. Ils seront le support de 13 900 à 27 700 heures d’insertion résultant de l’engagement pris avec l’ANRU de réserver prioritairement un minimum de 5% des heures de travaux aux habitants du quartier. Les maîtres d’ouvrage ambitionnent de doubler cet objectif.
La création, au sein de l’écoquartier, de 5 locaux (près de 400 m²) réservés aux activités commerciales, tertiaires ou libérales développera une mixité fonctionnelle sur le secteur. L’écoquartier sera également susceptible d’accueillir des auto-entrepreneurs travaillant à domicile.
Enfin, la nouvelle attractivité du secteur induira sans aucun doute des retombées économiques pour les commerces existants à ses frontières.
L’intégration de critères environnementaux
L’ensemble du projet conduira à une réduction sensible de l’empreinte écologique du secteur. Dans cette optique, la création d’un écoquartier sur près de 2 ha, site pilote à l’échelle de la collectivité, permettra l’émergence de deux nouveaux îlots d’habitation articulés autour d’un vaste espace public paysager. Par leur conception (choix de matériaux à faible bilan carbone, bioclimatisme, etc.), les logements offriront des performances énergétiques élevées (effinergie + voire passif pour 7 maisons) et un confort d’usage exemplaire.
En parallèle, les opérations de réhabilitations permettront de faire évoluer l’étiquette énergétique du niveau D au niveau B pour 180 logements sociaux ainsi que le Centre Europe.
Une sensibilisation des habitants aux écogestes et à l’utilisation de leurs logements sera également assurée par le bailleur social.
La mise en place de conteneurs enterrés de tri sélectif permettra de recycler et de revaloriser une grande part des déchets produits.
Les espaces publics favoriseront la biodiversité avec des aménagements paysagers mettant en scène une grande variété de végétaux. Une attention particulière sera portée sur le choix des matériaux, durables et issus de filières locales.
La gestion des eaux pluviales sera assurée par des noues paysagères, des toitures végétalisées ou encore des surfaces perméables en revêtement drainant (stabilisé). Au total, 30 % du secteur seront aménagées en espaces verts (48 % pour l’écoquartier).
L’organisation des mobilités et la promotion des modes doux
Le développement des modes de déplacements doux permettra de réduire l’usage de la voiture et participera par conséquent à la réduction des gaz à effet de serre.
A ce titre, la collectivité entend promouvoir ces modes de déplacements par l’aménagement d’un maillage piétons / cycles sur l’ensemble du secteur. Connecté aux aménagements à la limite de ce dernier, ce maillage assurera une réelle ouverture sur le reste du quartier Europe et sur la ville avec :
- des liaisons est-ouest centrées autour du Centre Europe et reliant les écoles ;
- une liaison nord-sud reliant les axes principaux de circulation conduisant vers la gare et le centre ville.
Par ailleurs, la création des pistes cyclables prévues dans le schéma cyclable de la collectivité (1km supplémentaire) viendra compléter l’offre de déplacement.
Gilbert MEYER, Maire de Colmar
Architecte - Village - 22230
un projet interessant prenant en compte l’humain,souhaitant qu’il puisse s’affranchir de certaines contraintes administratives actuelles