200 architectes et urbanistes lancent un appel pour une métropole Aix-Marseille Provence créative !

- par Syndicat des Architectes des Bouches-du-Rhône et l'association Devenir. habiter la métropole

LES ARCHITECTES ET LES URBANISTES POUR UNE MÉTROPOLE CRÉATIVE ! 200 architectes et urbanistes lancent un appel pour une métropole créative !
Le Syndicat des Architectes des Bouches-du-Rhône et l’association Devenir mobilisent l’ensemble des acteurs qui font aujourd’hui la ville pour que notre territoire sache saisir la chance historique qui s’offre à lui : la création de la métropole Aix-Marseille Provence. La métropole est une chance historique pour ce territoire.

La métropole est une chance historique pour ce territoire.

Les gouvernants changent, les grands projets doivent continuer, cohérents, à une échelle métropolitaine. L’énergie créative de tous doit être mobilisée, stimulée, utilisée.

L’échelle temporelle du projet urbain doit dépasser celle des élections locales. L’échelle spatiale du projet urbain doit dépasser celle des limites communales. Sinon, la situation actuelle continuera, sans vision d’ensemble, sans cohérence entre les projets d’agglomérations, sans dynamique commune, sans avenir.
Pour cela, les nouvelles institutions métropolitaines devront s’articuler autour d’une agence d’urbanisme unifiée, capable de produire un projet urbain d’ensemble cohérent auquel seront subordonnés tous les services en charge de l’aménagement du territoire. Une agence d’urbanisme qui analysera, qui dessinera, mais qui sera aussi au contact des habitants et des professionnels, dans un rôle de conseil et d’écoute…
Pour cela, le public, les écoliers, les étudiants, les chercheurs doivent êtres sensibilisés et mis à contribution. Créons un maillage de lieux de débat, travaillant en réseau sur la question territoriale métropolitaine : ateliers urbains, ateliers de créations, expositions diverses, colloques, séminaires de formation, lieux d’échanges mobiliseront les chercheurs, les enseignants, les professionnels, du monde associatif à l’Université, au service de la connaissance.
L’élaboration du projet urbain commun à l’échelle métropolitaine sera continue, en évolution permanente, pragmatique et ambitieuse à la fois…

1. Créons un vrai réseau moderne de transports métropolitains !

Les grandes infrastructures existantes sont une chance : à court terme, grâce à elles, des transports en commun efficaces peuvent voir le jour, tout en conservant une structure routière indispensable à l’activité économique. À plus long terme, inventons des moyens de transport nouveaux, modernes et attractifs, et concevons ce réseau de transports en lien étroit avec un développement urbain multifonctionnel.

Une voie réservée aux bus sur l’autoroute
Devant l’urgence, utilisons les infrastructures existantes pour créer des transports en commun en site propre rapidement et à moindres frais. Entre Marseille et Aix, entre Marseille et Aubagne, entre Martigues et Septèmes-les-Vallons, entre Marseille et Vitrolles, créons un bus qui aille plus vite que les voitures !
Un bus qui pourrait avoir un arrêt sur l’autoroute aux Pennes-Mirabeau, à la Valentine, aux Milles… Un arrêt qui soit un pôle d’échange : on y prend un autre bus, un vélo, ou sa voiture qui était garée au parc-relais.
Mettre en réseau les transports existants, les compléter progressivement, centraliser et unifier leur gestion, accorder leurs horaires, sont les corollaires des transformations rapides et peu coûteuses qui peuvent être imaginées sur l’autoroute…

Routes, camions, la trame active…
La Valentine, Plan de Campagne, Les Milles, le Grand Port maritime, Eurocopter ont besoin d’un réseau routier puissant, libéré des trajets domicile/travail, pour une économie métropolitaine efficace.
Le réseau routier existe, il doit être préservé, complété, il doit être soulagé par les transports en commun, il doit être déconnecté de la vie quotidienne des habitants à pied…

Des bateaux-navettes rapides en mer et sur l’Etang de Berre
La rade de Marseille et l’Etang de Berre sont là, navigables, avec des rives aménagées, et pourtant inexploités ! Nouveaux moyens de transport en commun structurants, mais aussi points de vue sublimes sur la métropole, vecteurs de qualité de la vie quotidienne et atout touristique majeur, les « batobus » pourraient constituer une offre nouvelle de transports, investissement majeur pour l’avenir.

Et des modes de transports nouveaux et ambitieux…
Sachons développer des nouveaux modes de transport ambitieux : RER, métro automatique, tramway… à l’échelle de la métropole…
Certaines infrastructures routières ou ferroviaires offrent des panoramas spectaculaires, des perspectives de découverte du territoire métropolitain, comme le train de la côte bleue, ou l’autoroute du littoral. Inventons-en de nouvelles… Un téléphérique, un train des crêtes, un pont transbordeur ?…

Connectons ces transports avec l’habitat, l’activité, le commerce…
Les transports en commun structurants doivent être liés aux aires résidentielles à développer : une gare, des logements !
Les transports en commun structurants doivent aussi être liés aux secteurs d’activités à développer : une gare, des bureaux !
Les transports en commun structurants doivent enfin être liés aux centres urbains, aux commerces, aux loisirs : une gare, des commerces !
Et pourquoi pas des quartiers avec des logements, des bureaux, des commerces, des services, pour rapprocher les habitants de leur travail ?
Les transports en commun structurants sont ceux dont la fréquence est d’environ 5 minutes, ceux qui sont rapides, dont les gares ne sont pas trop proches les unes des autres. Ce sont ceux dont les gares permettent de changer facilement de moyen de transport, ceux dont les gares affichent sur un écran le temps à attendre pour le prochain passage. À côté de ces gares se trouvent des parcs-relais pour les voitures, pour les motos, pour les vélos électriques, et pour les vélos tout court. Ces gares sont accessibles par un réseau de pistes cyclables sécurisées, déconnectées de la route, et par des cheminements piétonniers.
Le réseau routier et le réseau de transports en commun structurants doivent être pensés en interaction étroite avec le développement des aires résidentielles, qui peuvent être mixtes, accueillir de l’activité économique, des équipements, des centres urbains. Cessons de spécialiser des zones du territoire ! Rapprochons l’activité du domicile ! Créons un réseau de quartiers, mixtes, denses, vivants, accueillants, et bien desservis…
À l’échelle du territoire métropolitain, une carte des transports structurants, superposée à celle des quartiers, à celle de l’activité et à celle du réseau routier permettra de penser ensemble l’habitat, les déplacements, l’activité et les loisirs… Une carte lisible par tous, stimulante, vivante, liée à la vie quotidienne. Pour ne plus isoler les activités humaines, pour ne plus segmenter la réflexion et le territoire…

2. Créons un cadre de vie plus humain et harmonieux !

Les espaces publics majeurs, source d’identité collective, doivent être réinventés. Les espaces publics du quotidien doivent retrouver une attention aux habitants, plus humaine, plus douce, avec moins de voitures et plus de végétation. Les formes bâties doivent évoluer vers plus de compacité, plus d’inventivité, plus de plaisir de vivre…

Créons de nouveaux espaces publics majeurs
Rendre la métropole Aix-Marseille Provence attractive signifie qu’il faut offrir des espaces publics extraordinaires, magiques, rassembleurs. Le Vieux Port rendu aux piétons est une réussite. Le Cours Mirabeau est connu dans le monde entier. Et ensuite ?
Une grande digue accessible à tous ? Le fort Saint Nicolas rendu au public ? La Sainte Baume accessible en téléphérique ?

Montrons plus d’attention aux espaces publics du quotidien
Rendre la métropole attractive signifie aussi qu’il faut offrir des espaces publics quotidiens de qualité. Arrêtons les rues sans fin bordées de clôtures grillagées sans vie… Arrêtons de mettre les jardins publics en prison…
Chaque équipement public devrait être accompagné d’une place, d’un jardin, d’un espace de respiration dans la ville. Assurons la continuité des cheminements et supprimons les rues privatisées. Les résidences fermées ne doivent pas devenir la règle. Le vivre ensemble doit retrouver sa force.

En retrouvant des espaces agréables pour les piétons
À l’instar des éco-cités du nord de l’Europe, la question du stationnement automobile et de ses conséquences sur l’espace public, doit être posée.
Mutualisons le stationnement automobile en un réseau de parcs-silos, et supprimons l’obligation du stationnement à la parcelle.
Réduisons la largeur des rues, et retrouvons des réseaux de venelles piétonnes, de placettes ombragées, de jardins publics, où les enfants peuvent jouer, les anciens s’asseoir sur un banc, les voisins se rencontrer…
Il s’agit de réduire le coût des infrastructures et de retrouver un mode de vie méditerranéen, dehors, ensemble… Il s’agit d’améliorer la qualité du quotidien, en Provence…

Construisons des habitats plus compacts et plus humains
Prenons mieux en compte les nouvelles approches de densification et de requalification urbaine et architecturale, au service de quartiers et de villes plus compacts. Offrons des logements de qualité prenant en compte les nouvelles formes d’habiter, dans le respect du territoire, de son climat, et en mobilisant les énergies renouvelables.
Libérons notre créativité architecturale pour un habitat moderne, joyeux et stimulant.

Au bord de la mer et sous un soleil de plomb
Les atouts naturels de notre région doivent servir la transition énergétique : la mer et l’étang de Berre sont des réservoirs thermiques presque infinis, le soleil est un radiateur gratuit.
À condition que l’urbanisation soit organisée pour en permettre l’exploitation : des boucles d’eau de mer doivent desservir les quartiers de la métropole, le dessin des voiries doit permettre une juste orientation des bâtiments, les arbres et les matériaux employés doivent nous permettre d’éviter la climatisation…

En préservant le patrimoine extraordinaire des centres historiques
Le Panier, la Canebière, la rue de la République à Marseille, le quartier Mazarin, la place des quatre dauphins, la place Albertas et la Rotonde à Aix-en-Provence sont autant de lieux qui témoignent de l’Histoire de ces villes.
L’intérêt patrimonial des centres historiques d’Aix-en-Provence, mondialement connu, contribue fortement à l’identité du territoire métropolitain et nécessite la mobilisation de savoir-faire spécifique pour conduire leur restauration, leur requalification et leur évolution. Tirons des enseignements des centres-villes patrimoniaux, pour une écriture urbaine et architecturale de nouveaux projets qui s’inscrivent dans la modernité. Assurons la promotion des projets simples, modestes mais d’une réelle qualité urbaine et architecturale.
Cette démarche de politesse par rapport aux lieux sera garante de la qualité des projets et de leur pérennité à l’échelle de la rue, du quartier, de la ville et du territoire métropolitain.

Et le patrimoine du XXe siècle…
Au-delà de l’Unité d’Habitation du Corbusier, notre métropole est riche des témoignages des utopies urbaines passées, et son patrimoine architectural du XXe siècle est dense et souvent méconnu.
À Marseille, le Parc du Roy d’Espagne, le Brasilia, les Jardins de Thalassa, les immeubles de La Viste, sont autant d’immeubles spectaculaires et abstraits, face à la mer et au soleil. À Aix-en-Provence, le quartier Beisson offre une composition géométrique de longues façades de pierre enserrant des jardins intérieurs. À Martigues, Le Moulin de France offre de riches espaces communs et une grande diversité de typologies de logements.
Préservons ce patrimoine et sachons nous en inspirer !
Les quartiers nord, cœur de la métropole
Concentration de difficultés sociales, les quartiers nord de Marseille bénéficient cependant d’une position centrale dans la métropole, sur ses axes stratégiques majeurs de communication, et sont un formidable réservoir de créativité, de jeunesse et d’énergie…
Tirons parti de cette spécificité pour imaginer un grand projet de requalification humaine, urbaine et architecturale.
Les quartiers nord de Marseille, mais aussi les quartiers ouest d’Aix-en-Provence, pourraient-ils devenir de nouveaux centres urbains d’Aix-Marseille, Ville Monde ?… Ville métissée, ville énergique, ville tolérante ?

3. Stimulons l’activité économique !

Le Grand Port Maritime, l’industrie chimique, la microélectronique, les technologies environnementales, le tourisme, autant d’atouts de notre territoire que nous devons savoir développer et rendre plus attractifs. L’aménagement du territoire doit y contribuer.

Un port international et des ports métropolitains
Le Port n’est pas mort. Pas encore !
Ancien poumon industriel et commerçant, le Grand Mort Maritime de Marseille est toujours notre meilleur messager pour situer notre région à l’international ! La métropole doit donc lui offrir des cartes lui permettent de lutter contre ses voisins de la Méditerranée et le reconnecter à son environnement immédiat.
Favoriser le fret vers le nord de l’Europe, améliorer les transports de passagers, habiter l’arrière-port. Relier, par exemple, l’aéroport passagers et le terminal des croisières par l’usage d’un réseau ferroviaire non exploité. Ou reproduire des chartes villes port.
Port-de-Bouc, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Port de Corbières, Vieux-Port, Port de la Pointe Rouge, etc. Les ports de notre littoral sont nombreux et doivent être reliés. Reliés entre eux et à l’arrière-pays par la mise en place d’un transport public efficace. L’accès au littoral doit être le même pour tous les habitants de la métropole.
Hier un port en déclin. Aujourd’hui des ports métropolitains et un Grand Port en reconquête.

Le tourisme crée du désir
Marseille Provence 2013 nous l’a rappelé: le tourisme et la culture sont devenus des créateurs de désir. Ils rendent un lieu attractif et stimulant et relient notre région au monde.
Secteur majeur d’activité chez nous, le tourisme met en scène notre espace de vie. Un paysage à la fois urbain et monumental (MUCEM, Le Tholonet…), et à la fois naturel et spectaculaire (massif du Garlaban, Parc National des Calanques…).
Aujourd’hui, le défi touristique et culturel est double: mieux accueillir en assumant une mobilité plus efficace, et mieux dessiner le territoire vécu de demain. A l’heure du marketing territorial, l’objectif est d’intégrer le tourisme à la fabrication de cadre de vie, comme activité économique et aussi dans son rapport affectif.
Explorer et exposer notre territoire, oui, et au-delà des boutiques à souvenirs…

4. Tirons parti de nos richesses naturelles !

Les cours d’eau et canaux qui irriguent notre territoire doivent être aménagés et mis en valeur, des collines jusqu’à la mer : grands parcs linéaires, continuités naturelles favorisant la biodiversité, identité forte du territoire ! L’agriculture est encore une réalité forte du territoire : ne la laissons pas disparaître, transformons-la en un atout majeur de la métropole. Enfin, les massifs naturels doivent s’affirmer comme le décor grandiose, le terrain d’exploration et la réserve naturelle majeure de la métropole.

Au fil de l’eau
Les cours d’eau métropolitains, comme l’Huveaune, l’Arc, la Torse, l’Infernet constituent des continuités écologiques majeures, facteurs de biodiversité et de régulation pluviale, et peuvent devenir des espaces publics récréatifs précieux pour la vie quotidienne : l’eau et la nature accessibles à tous, pour se promener, courir, jouer, flâner…
La création de ces espaces publics nécessite une volonté affirmée, des moyens adaptés, mais leur coût est faible au regard de la valorisation foncière de leurs abords ! Traversant et reliant de vastes portions du territoire métropolitain, les cours d’eau peuvent devenir de grands parcs linéaires, reliant la mer aux collines, facteurs d’identité et de qualité de vie.
Le réseau des canaux qui, en un siècle, ont transformé l’aride Provence en une terre généreuse et accueillante, est aussi une caractéristique majeure de notre territoire. Les ouvrages du Canal de Provence et du Canal de Marseille, le Tunnel du Rove, les canaux de Martigues et de Fos, sont autant d’ouvrages d’art méconnus qui mériteraient d’être mis en valeur, modernisés, perfectionnés.
À l’heure où la ressource en eau va devenir un enjeu majeur de la mondialisation, préservons nos rivières et ne gaspillons pas notre eau si pure…

Terres d’agriculture urbaine
Les terres arables doivent être préservées et exploitées, partout sur le territoire, dans les grandes plaines de la Crau, dans les anciens domaines agricoles (les « Campagnes »), mais aussi dans les parcelles en cœur de ville dense, pour favoriser les circuits courts, pour retrouver le lien avec le sol, avec la nature nourricière…
Le territoire d’Aix Marseille Métropole est riche de ces terres arables, souvent délaissées. Redonnons-leur cohérence et rentabilité. Jardins partagés, exploitations fermières de haute qualité, l’agriculture en ville…

Sainte Baume, Sainte Victoire, Calanques : nos trésors
Décor grandiose et permanent de toutes nos activités, les massifs naturels de la métropole sont aussi le lieu de pratiques et d’usages multiples : marcher, courir, grimper, voler, chasser, bronzer, observer, pique-niquer…
Préservons et mettons en valeur ce fond de scène, qu’il devienne le cœur de notre identité ! Définissons une limite nette entre la ville et la nature ! Traçons des parcours qui révèlent l’une et l’autre ! Et permettons les usages les plus riches et les plus diversifiés, dans le respect de la fragilité de cet écosystème unique…

Syndicat des Architectes des Bouches-du-Rhône et l’association Devenir

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Un commentaire au sujet de « 200 architectes et urbanistes lancent un appel pour une métropole Aix-Marseille Provence créative ! »

  1. langeron jean-louis

    Autre - Ville > 50.000 habitants - 75019
    Beaucoup de réflexions et de projets sur la ville durable ; mais quid de l’architecture au plan « esthétique » ? la pauvreté du néo-provencal des lotissements ? la banalité de l’Euromed center digne des années 70 ? un quartier qui, à quelques exceptions près fait pauvre figure à côté des quartiers portuaires de Hambourg, Copenhague, Amsterdam… et les tours, sauf CMA-CGM, de piètres projets à côté des villes asiatiques ! quelle réflexion sur une architecture « méditerranéenne-moderne » ? et quand on revient d’Italie…quelle honte !!! Pourquoi encore tant de blocs d’immeubles dont la pauvre modernité se résume à quelques artifices en façade ?

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